Le 101 du théâtre immersif
Le théâtre immersif n’est présentement pas un pilier de notre théâtre québécois francophone. Ce n’est pas du tout faute d’oeuvres immersives brillantes parmi le répertoire de certains de nos créateurs, comme l’équipe du Théâtre à corps perdus ou celle de Noctura. C’est simplement que nous n’avons pas une longue tradition d’exploration de ces formes théâtrales.
Alors, je l’avoue, je reçois régulièrement diverses variantes de la question : “Ça mange quoi, au juste, en hiver, ça, du théâtre immersif?”
Peu de théoriciens ou de praticiens s’entendent sur une définition claire du genre, qui comprend un grand nombre de sous-genres, mais nous ferons ici notre possible pour brosser un court portrait des principales catégories - que tu pourras lire quand tu veux avoir l’air occupé sur ton cellulaire.
Théâtre immersif :
Terme plutôt généraliste pour parler des pièces où le public n’est pas passif, confiné à son siège, mais où il est impliqué d’une manière ou d’une autre : que ce soit par l’action, l’intervention, le mouvement, une technologie avec laquelle interagir, etc.
Certains parlent aussi parfois de théâtre immersif quand l’oeuvre de création sollicite le spectateur plus globalement, en 360 degrés (par exemple, un spectacle dans la sphère du SAT), quand les comédiens vont par moments dans l’espace “réservé” pour le public ou quand on appelle aussi aux sens autres que la vue (odorat, ouïe, toucher) pour transporter le spectateur dans l’univers de la pièce (par exemple, répandre une odeur de chlore pour une pièce se passant dans une piscine.)
Théâtre d’implication de spectateurs :
Le théâtre d’implication est un théâtre où la place du spectateur est centrale, où il est donc amené à contribuer à l’oeuvre artistique de diverses façons, que soit par des actions, par des mouvements ou par la prise de parole, le but étant souvent d’élever le spectateur à un rôle de créateur actif de l’oeuvre en cours.
Plusieurs des pièces de ce genre offrent la possibilité de participer ou de rester simple observateur, pour convenir aux préférences de chacun.
Théâtre interactif :
Terme habituellement utilisé pour parler d’une forme de théâtre qui utilise la technologie ou des modes de communication analogues pour impliquer le spectateur, que ce soit par téléphone, par des applications cellulaires, avec des senseurs, au travers de vidéoconférences, etc.
Ces oeuvres sont habituellement réalisées en temps réel.
Théâtre virtuel :
Nouvelle forme de théâtre, apparue dans les années 2010 et issue au départ de pays connaissant la censure, le théâtre virtuel utilise les plateformes numériques comme YouTube, Twitter, Facebook live, Skype et compagnie pour créer et diffuser leur travail. Ce terme peut aussi désigner les pièces de théâtre réalisées en réalité virtuelle.
Contrairement au théâtre interactif, le théâtre virtuel est parfois pré-enregistré.
Théâtre in situ :
Théâtre dont la diffusion prend place hors des salles de théâtre traditionnelles (centre d’achats, maison, etc.) et où la création de la pièce prend en compte la spécificité des lieux, y adaptant autant la mise en scène que la dramaturgie. Le spectateur peut être appelé à explorer les lieux, de façon guidée ou non.
Théâtre chez le spectateur :
Forme de théâtre in situ, où la pièce est jouée directement chez le spectateur, souvent devant un public très réduit; comme la pièce Broken Bone Bathtub de l’artiste Siobhan O’Loughlin, qui se passe, vous l’aurez deviné, dans votre bain.
Photo :
Broken Bone Bathtub by Siobhan O'Laughlin | Photo by Scott Lynch - 2017